Un voyage en Neuroleptie
L’auteur
Les lecteurs en parlent mieux que nous
Florilège des échos & recensions recueillis
« ce poème est un refuge »
Ce texte qui graphiquement est centré sur la page (à tel point que j’ai reconnu des calligrammes, ceux d’Apollinaire comme perspective), se lit par souffle. Cette poésie est donc charnelle. Ou encore, en relation avec la phonation, l’élocution orale (très vieux modèle de la poésie occidentale depuis les aèdes). Ici, cette prise de parole devient une expérience de la pensée critique.
« Difficile de ne pas être dérangé, bousculé par les phrases implacables et bien plaquées. »
Étonnant « récit » (c’est ainsi qu’il est annoncé) que ce texte en vers centrés qui se déroule en continu sur une centaine de pages, difficile à résumer tant le flux de paroles — il y a du théâtre dans tout ça, clin d’œil à Artaud et Sarah Kane assumé en quatrième de couverture — coule inexorablement vers des chutes d’eau vertigineuses. (...) Notre société est malade, et les mots de l’auteur, s’ils ne la soignent pas, sont pleins du baume d’empathie, malgré les insultes parfois vertes, que constitue la lucidité. Avec ou sans cachets.
« Pas possible de passer à côté »
Le récit-poème de Christophe Esnault est précieux – unique à ma connaissance – pour la manière dont il parvient à cristalliser dans et par une écriture et un agencement singuliers toute la violence de la répression psychiatrique, du contrôle social qu’elle opère.
« On le lit en apnée, fasciné par le sens mis en musique »
Pas de fleuve paresseux ici mais un véritable torrent de montagne énervé. Aucune intention de médicaliser la folie, la dysphorie ou la dépendance, c'est l'inverse. Apaiser ou accepter le déséquilibre (mais le faut-il ? Les psy ont une réponse). Lui donner plutôt une expression et la faire réfléchir sur des questions économiques, éthiques, culturelles, amoureuses et sexuelles. L'absence de ponctuation tend vers la libération du verbe et du rythme, tout doit sortir quitte à pointer ses propres faiblesses. Outre la poésie, c'est le ton tout en autodérision qui emporte l'adhésion. Passionnant, et une fois la dernière phrase lue, on comprend l'humble projet du livre. Tant d'énergie et de savoir-faire forcent le respect. Bravo ! Ressasser ou y aller à la machette des mots, vous aurez le choix des armes.
« Un long cri d’indignation et de colère »
La charge héroïque et poétique de Christophe Esnault dépasse ici largement celle de la psychiatrie. Elle va taper à la porte d’une norme sociétale institutionnalisée et de la vénalité des laboratoires encouragée par des prescriptions de confort et un système qui exclue ses fous, ou du moins les met chimiquement en veilleuse.
« Un ouvrage intellectuellement percutant, humainement virulent, et psychiquement chahutant »
Loin d’être critiques de poésie, nous avons été touchés par un écrit fort et vrai, par des mots parfaitement trouvés. Critique d’une forme de pathologisation de la souffrance psychique, l’auteur tente de nous extirper de la confrontation pour outiller à une autre forme de vie peut être génératrice de mieux-être dans un environnement psychiatrique toujours aussi sourd et fermé à l’imagination et à la parole de ceux qu’elle suit, encadre et enferme. Merci pour ces mots savamment trouvé sur cette réalité de la lutte en univers psychiatrique.
« Une longue adresse de Christophe Esnault à ses psychiatres mêmes »
Sans humour, les récits-poèmes de Christophe Esnault passeraient sans doute moins bien ; ils en sont en réalité truffés, jusqu’à l’autodérision, parfois : « […] pour cinq lecteurs / Qui se taperont si j’ai de la chance un gros rire / Je trouve plus drôle de me foutre de ma propre gueule ». Cet humour peut aller jusqu’à l’ironie, voire l’auto-ironie : « Un texte centré pour un homme égocentré / C’est hyper raccord».
« La prose d’espoir d’un homme qui ne veut plus souffrir »
Pour reprendre mon souffle, j’aurais pu fermer ce livre et le continuer au fil des jours, mais.. je suis restée en apnée. Certes court récit d’une centaine de page, ce plaidoyer saisissant se lit d’une traite. Lorsque Christophe Esnault entre dans notre tête, il y reste ; ce genre de personne ne vous laisse plus tranquille une fois rencontrée, lue ou écoutée. Elle habite votre esprit. Elle ne s’arrête jamais, elle est solaire, rieuse, bavarde. On voudrait qu’elle aie toujours à nous dire.
« Un poème fleuve »
Lettre au recours chimique est un poème fleuve, un récit, une pièce de théâtre pour un unique acteur – à partir de deux, c’est trop cher. Le processus d’extinction est à l’œuvre, il est social, mondial, et intime.
« Qui est concerné par ce texte ? Tout le monde ! »
Esnault comme à son habitude ne mâche ni le fond, ni la forme, et ça donne un textes qui traduit si bien, ce que vivre veut dire. Vivre trop fort quand on a pas les bons filtres, quand on a pas les mêmes tiédeurs, ni les mêmes lâchetés que la moyenne. Il n'y va pas à reculons, pas à moitié. Il dit tout à la fois son amour pour la vie, pour la littérature, sa fascination pour Sarah Kane, son dégout absolu pour les compromissions qui essaieraient de le faire taire, son mépris pour ces hommes qui prescrivent des substances qu'ils ne sont pas capables d'essayer sur eux ! Parfois Esnault s'apostrophe, parfois il répète cette question qui semble être l'obsession de ceux qui l'entourent "quelle est la pathologie", comme s'il n'était réduit qu'à cela. Souvent nous restons cois, bras ballants, bouches cousues face à la force de son écriture, sa force de vie.