François Coppée n’est pas andouille
Parodiée versificateur
Plat et sans génie zélateur
De morale foutrement nouille
Il est poète de la fouille
Vide minutieux narrateur
Des caprices du Créateur
Drames du vice et de la trouille
Il rime nourrice ou souillon
Qui prend force coups dans la gueule
Puis va chez les Soeurs crever seule
Foin de l’art ou d’autre ambition
Qu’une fabulation dernière
Aux humbles l’unique prière
L’affliction n’est pas ridicule
(Qui veut effacer le pathos ?)
Elle appartient à l’homoncule
(Nos vieilles larmes à Porthos)
Le ridicule est une veine
Intarissable à exploiter
L’enfance rit de la déveine
De son ample malheur ouaté
Le désir fait luire la tette
Le sexe est un dieu sans besoin
L’aire de jeu tout juste prête
Où l’indocile ouvre son poing
(Un lit vaut moins qu’une baignoire
Où plonger son corps dérisoire)
Que ne suis-je Amélie Nothomb
Pour payer toutes mes factures
(Une version mâle notons)
Et m’endormir sans courbatures
Encore plus fort au hasard
Malgré les outrages de l’âge
Que ne deviens-je Eden Hazard
(Un nouveau cycle en mon garage)
Pour un max de yens de pesos
Jolie cabane new-yorkaise
Le boss des boss c’est Jeff Bezos
(Filons brols à la foule niaise)
Assez assez de Mallarmé
De ses poèmes seuls armé
Il s’engage dès la poubelle
Triant consciencieux ses déchets
Signant pétitions s’il échet
Réclamant existence belle
Il est un tantinet rebelle
Par rejet du colifichet
Violente diatribe au guichet
Golpe véloce pour sa belle
Il se sait coupable de tout
De boire ou respirer partout
D’ingérer boeuf salade ou fraise
De contrevenir au grand tout
Sans s’empêcher d’être toutou
Implorant une heure de baise
Je n’irai pas à la partouze
Avant d’avoir fait mon devoir
D’avoir pu la fin entrevoir
Es decir le nombre 112
Dussé-je m’enfuir à Pérouse
Pour clore mon univers noir
Y courir nu en désespoir
Et pactiser avec l’Empouse
Dussé-je croupir au Ghana
En relisant Christophe Hanna
Ou métaphorisant la glaise
Pour quelque pensum textuel
(Parole ! rien de sexuel)
Vain tombeau de Jean-Marie Gleize
La chose qui importe est peut-
Être d’écrire ce sonnet
Ou tels autres vers de benêt
Jetés comme faire se peut
Gabriel Marc subsiste un peu
Pour deux quatrains et deux tercets
(Sizain de sylphide en corset
Marotique sauve-qui-peut)
Une femme dépoitraillée
Un tubard à voix éraillée
Ivres dans un café chantant
Des bouquins sur un quai de Seine
Des gambettes vite sur scène
Et c’est tout Paris un instant
Je ne réclame à Sainte-Beuve
Aucune pensée un rien neuve
Ni l’orgueilleux poids d’une preuve
Ni l’infect succès dans l’épreuve
Le ratage aimante mes pas
Du berceau jusques au trépas
À Genk ou Tegucigalpa
Je procrastine n’est-ce pas ?
Je sais ne rien rimer qui vaille
Pour l’avant-gardiste piétaille
Plutôt Margot t’ôter la maille
Te rendre hommage avant demain
Paumes sous l’Uniqlo carmin
Inventant poème et chemin
Elle n’a pas besoin de failles
Elle peut très bien s’en passer
Pas de goût pour ce qui déraille
Ni les brûlures du passé
Elle étire dans l’écriture
Les fragments acides du temps
Sans que ce soit tic ni posture
Elle aime jouir tout autant
Elle sort l’âme de sa gangue
Lui préfère un embrasement
Elle veut vivre langue à langue
Le plus cruel déchirement
L’éreintement d’une vie sage
En ses muscles rigueur et rage
Son élégie est usuelle
Une humble tâche manuelle
Impliquant doigts papier crayon
Son élégie est amicale
La journée joueuse ou bancale
Pluie et du soleil un rayon
Il connaît peu mais la lumière
La mer et le sel des marais
L’inquiétude dans les guérets
La paix dans la Grande Brière
Il se plaint peu mais la prière
A la courtoisie du galet
L’humanité sans chevalet
Y est le verbe avant poussière
Tu lis en juxtalinéaire
Les Sonnets de Leontia Flynn
Une fraternité plénière
S’instaure avec l’âme d’un djinn
Belfast non la littérature
Suffit nul besoin de Belfast
Pour que s’enlève la parure
Que se soulève le ballast
Que l’époque s’écrive en rides
Et consigne erreurs et douleurs
Dans le ciel habité ou vide
Fait défaut toujours la chaleur
Tu la prends aux mots qui trépignent
Avides de chaos et signes