Le lendemain au petit-déjeuner, Cammy me demande si je compte rester encore longtemps. Je lui réponds que je me verrais bien retrouver mes pénates, que les gators me manquent, puis mes deux fils, ma maison. Ça tombe bien : il songeait à bouger, il voudrait que je le dépose à la première agence de location de voitures, et ensuite il taillera la route pour Bâton-Rouge, où il a des amis français qui tiennent un restaurant. On passe du temps à table avec Martha, qui me dit qu’avec Pete ils aimeraient bien voir mon élevage, faire étape chez moi quelques jours, sur la route des Keys où Pete n’est pas allé pêcher depuis longtemps, et où elle s’accordera un peu de vacances. On prend date.

Je contrôle les niveaux. Pete nous aide à charger nos sacs dans le pickup, nous ravitaille en bouteilles de flotte pour la route. C’est l’heure de les remercier pour leur hospitalité. Martha me prend dans ses bras en me disant à l’oreille : « Prends soin de toi, jeune vieux bonhomme ». On s’installe dans le pickup, Cammy au volant parce qu’il n’a pas conduit depuis longtemps et qu’il veut s’échauffer un peu avant de prendre la route tout seul. Je le briefe un peu sur les commandes. Au moment de mettre le contact, il se souvient d’une dernière chose. Il me montre ses photos sur son Canon, me demande d’en choisir une pour ma dernière chronique pour le blog de l’éditeur français. Je fais défiler les images sur la petite lucarne tandis qu’il démarre. On répond aux signes de la main de Pete et Martha, Cammy klaxonne tandis que peu à peu ils rapetissent dans le rétro.

Je reprends ma lecture des photos, je m’arrête sur l’une de celles que le frenchie a prise hier matin, pendant que Pete et moi lancions nos lignes. Cammy jette un œil : « Ouais, ça me semble bien ». Vendu.

Photo @James