« Und », Und ?

Que nul n’entre ici s’il n’est poète. Combien la vie de tous serait facilitée si cette inscription ornait l’entrée des Célestins. Je pense notamment à ces bourgeois lyonnais adeptes de vaudeville et d’un théâtre sirupeux et mièvre comme une émission de variété, qui continuent d’échouer aux Célestins pour se « divertir » et qui, évidemment, repartent déçus et frustrés, après nous avoir – « nous », l’élite aristocratique qui accède aux idées platoniciennes bien sûr – dérangés tout le long du spectacle de la manifestation répétée de leur irritation, à coups de « pff ! » et de « c’est nul ! » et de « il reste encore combien de temps ? ». La pièce « Und », mardi dernier, en fut la parfaite illustration.

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La famille royale aux Célestins

« Qui connaît la plus belle mort, le soldat qui tombe pour sa patrie ou la mouche dans mon verre de whiskey ? ». Ainsi commence le récit de Tyler, dans cette adaptation théâtrale du roman de Vollmann, à laquelle nous avons eu le privilège d’assister, Pierre Legris et moi, mardi soir, aux Célestins. Et déjà j’avais la chair de poule, tant il était palpable que la densité poétique de l’œuvre, traduite magistralement par Claro aux Editions Actes Sud, descendait sur scène et prenait possession, pour une durée de 4h, de la salle splendide.

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Vous aimez la poésie ? (1/2)

« C’est beau la poésie. » Dires laminaires que ressassait au vent ce vieux fou que je croisais chaque matin à Carthage, au crépuscule des nineties, sur le trottoir de Sèvres-Babylone. Improbable Diogène vêtu d’un pardessus aussi ancien que lui, le vieux haranguait chaque passant ainsi: « Vous aimez la poésie ? C’est beau la poésie. ». Il m’a fallu plusieurs années pour comprendre que le vieillard sombré dans la psychose nous intimait un devoir fondamental, celui de répondre à la question implicite tapie derrière ces mots : et elle est où, maintenant, la poésie ?

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