Ontogénèse du coureur de fond (ou « Ces petits riens angéliques du quotidien »)

Il me faut l’avouer, je n’échappe pas à mon époque : je suis adepte de ce culte incongru du corps. Oui, vous avez bien lu : je fais du sport. Pire : je cours, je « run ». C’est bon pour la santé, me direz-vous. C’est vrai, et je pourrais prétexter que cela me vide la tête, que cela diminue mon stress, voire confesser que c’est le reflet de la sculpture de mes fesses dans le regard concupiscent de mon amant qui m’intéresse. Mais je crains que le mal soit plus profond ― je n’échappe pas à mon époque, vous dis-je : je suis bassement egocentrique et subrepticement hystérique.

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Je n’ai besoin de personne sur ma trottinettesonne

Septembre est le mois de fureur. Il est cet été que je veux saisir encore ― avec la maturité que confère le fruit consommé ― et cet automne frénétique, empli de contraintes et de promesses, que j’attaque bille en tête dans le fantasme que je survivrai à l’hiver. Une course, donc, toute extérieure, sans possibilité d’introspection, et paradoxalement appelée « la rentrée ». Il est vrai que la tête enfouie dans ma carapace, « je n’reconnais plus personne sur ma trottinettessonne. »

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Lectures de plage 2 (… et les masques)

Non, figurez-vous que je n’ai pas quitté la plage où vous m’aviez laissée. Il fait doux, une bise légère monte du cap Lardier. Le jour s’étire tandis que le soir prend ses aises ; une famille et son cercle d’amis sortent un rosé bien frais. Peut-être qu’ils vont m’inviter. Cela vous agace ? Vous avez repris le travail ? Cela vous regarde : ma vie est une fête quotidienne, le monde qui m’abrite est le plus bel endroit qui soit. Et vous en faites partie. Ce qui me permet une douce transition au Monde flamboyant de Siri Hustvedt, dont je me suis délectée, et qui est cette deuxième « lecture de plage » dont je voulais parler.

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Lectures de plage 1 (Entre l’exil…)

Eh oui, ô magnifiques amis, poètes solitaires et philosophes insomniaques, exigeants lecteurs, je comptais bien vous épargner un compte-rendu de mes lectures de plage, pour mieux prolonger la paresse de ces dernières semaines ― combien fus-je fainéante, ce mois d’août, à trainasser sous le soleil tropézien et à dormir tout mon saoul ! ―, mais le récent décès de notre maître, l’immortel Yves Bonnefoy, m’a forcée à m’extraire de la torpeur et à sortir de mes retranchements.

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Look homeward, « Genius »

Le grand mérite dont on peut créditer le film est de traiter de poésie, de cette création littéraire qu’est la poésie. Combien de productions cinématographiques l’osent ? On ne peut, du reste, que louer leur prudence, lorsque l’on considère la réception critique du film, qui s’est fait massacrer aux USA et qui a été reçu froidement en France. Or, que je sache, aucun critique n’a mentionné ce fait pourtant évident : ce film traite de poésie ― vous savez : cet éclair de l’esprit sans lequel l’existence n’est que néant.

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Une nuit à l’opéra

« Cendy, on veut de la poésie, pas de la polémique ! Tu te rends compte à quel point tes derniers billets sont politiques ! Qu’est-ce que ça à faire dans le blog d’une maison d’édition ? Dis, tu m’écoutes ? Attends, je reviens… » Et Madame la Présidente de porter son smartphone à l’oreille, de se lever pour prendre un appel entrant, en m’enjoignant d’un geste doux de rester à ma place. C’était ce matin même, dans la petite salle de réunion de La Cordée, et j’en prenais pour mon grade. Assis autour de l’étroite table, avec moi, Pierre Legris et Evariste Ducasse regardaient le plafond d’un air absent. « Sérieusement, messieurs, vous trouvez mes billets politiques ? »

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« Fuck the context »

« Fuck the context ? que veux-tu dire par là ? » Nous étions à La Cordée, ce lundi matin, et Pierre Legris me regardait avec malice. Je venais de lui conter ma visite dominicale au nouveau Musée des Confluences de Lug-Dunum et n’avais pu m’empêcher, peste que je suis, de partager les impressions que cette nouvelle verrue architecturale avait laissées sur moi. « Fuck the context. Tu ne connais pas l’histoire, me lança Pierre de ses yeux pétillants ? »

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Brexit : une opinion fausse, une douleur vraie

Ce n’est ni dans mes habitudes ni dans le périmètre de ces billets d’humeur de commenter l’actualité politique. Mais voilà, ce 24 juin est un triste jour. Pour tous ceux qui ont cru et continuent de croire dans le principe de la construction européenne, dans cette promesse de paix, de démocratie et de prospérité, la décision du BREXIT laisse un goût amer. Toute l’équipe des Editions Æthalidès était en deuil ce matin.

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Corrections orthotypographiXXX

« Sérieusement, Marie-Anne, on doit prendre une décision : “Il fallait que je lui suçasse la chatte”, franchement, ça ne te gêne pas ? — Ben non, la correspondance des temps est correcte, c’est bien du subjonctif imparfait… — Mais alors pourquoi “il fallait qu’il foute, crénom de Dieu !” est, lui, au présent du subjonctif ?

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La sexualité du printemps arabe

J’étais donc l’autre soir de passage à Carthage. « Viens donc diner avec nous », m’enjoigne Pierre Legris dans son beau costume Armani. Quelle idée, me dis-je : pourquoi accompagner mon confrère en poésie, au demeurant si exquis, dans une agape d’affaire ? « Pas un diner d’affaire, rectifie le vieil alchimiste, un diner d’équipe. Un nouveau partenariat que nous venons de conclure. Tu verras bon vin et belle compagnie. »

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