C’est vraiment la série noire, même si j’ai connu pire. En roulant hier à tombeau ouvert sur la piste, Connie a méchamment fusillé un soufflet de cardan. Aujourd’hui, Zack et Everett n’ont rien fait d’autre que chercher la bonne pièce dans des casses, puis réparer, couchés dans l’ornière sous le véhicule. Faut encore que ça soit moi qui leur dise de changer la paire complète de cardans parce que c’est comme ça qu’on doit faire, puis de contrôler les rotules, tant qu’ils y sont.
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L’impression que j’ai, presque depuis la naissance de Zack et Everett il y a quarante-trois ans, c’est qu’ils sont lancés comme deux balles de fusil à canons juxtaposés en direction de la même et unique cible : la plus énorme connerie à faire à deux. Comme il est né une minute et demi avant Everett qui poussait derrière lui dans le noir, Zack, en tant qu’ainé et jumeau dominant, est toujours celui qui ouvre la voie du désastre où ces deux abrutis s’engouffrent en chœur. Comme si leur existence n’était destinée qu’à illustrer ce que dit Veblen, dans sa "Théorie de la classe de loisir", au sujet du goût têtu de l’américain moyen pour la prouesse sportive aussi ostentatoire qu’inutile et désespérante. Chacun sur cette terre a sa croix, les jumeaux sont la mienne. Ordinairement, ça se termine aux urgences, ou derrière les barreaux d’une cellule en compagnie d’Indiens séminoles ivres morts ou de mineures cubaines, plus ou moins putes, qui les insultent en espagnol et leur crachent au visage sous le regard désabusé du sheriff du comté.
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Quand Camille a débarqué chez moi, j’essayais de me motiver à vider mon garage, mais je n’arrivais pas à m’y mettre. C’est fou ce qu’un type de mon âge, et sans femme, peut accumuler comme merdes. Camille Delatour, photographe de guerre, est un vieux pote de lycée du nouvel éditeur de Jérôme Delclos, mon traducteur français. Comme Camille, qui est venu en Greyhound de Miami via Orlando puis Jacksonsville, s’est arrêté en chemin pour acheter un pack de ma marque, on a tout de suite sympathisé, et les cadavres de Miller Lite sont venus tenir compagnie aux autres dans le dépôt.
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« This is the end, beautiful friend…» Voici donc venue la fin de ma résidence et comme je n’aime pas l’idée d’un « dernier billet », je puiserais plutôt au souvenir de mes nuits madrilènes pour vous haranguer ainsi : lecteurs insatiables, ô mes amis, prenons ensemble « una penultima » ! Et cette penultima, figurez-vous, c’est ce feu d’artifice auquel j’ai eu la chance d’assister hier soir, au théâtre antique de Fourvière : une lecture du marquis de Sade par la fabuleuse Isabelle Huppert. Belle coïncidence, n’est-ce pas ? Quel meilleur auteur que le divin marquis pour tirer ma révérence ?
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