16. En cherchant un « car wash »

La chaleur est caniculaire. Comme un boa paresseux, la 90 digère nos corps en Alabama et recrache nos os en Louisiane. Le pickup est vraiment très sale. A un moment donné, on a quitté la route parce qu’on cherche un Car Wash dont on a repéré la position sur le GPS, et on se perd. Des maisons délabrées, des entrepôts où l’on n’entrepose plus rien, des façades aux ouvertures crevées.

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15. Des pièces

l y a toujours deux sortes de clients dans les bars de nuit. Les habitués, ceux qui ont leur place au comptoir, leur bouteille et leur verre, un prénom, et à qui souvent le barman consent une ardoise bien que la maison affiche qu’elle ne fait pas crédit ; et puis les autres, les naufragés. Dans ce rade de bord de route sur la 90, Cammy et moi faisons partie de la seconde catégorie, avec ce voyageur de commerce au bout du zinc dans son costume fripé, et qui boit des martinis depuis le début de la soirée sans parler à personne, et cette femme mince et blonde, un bateau démâté, qui danse toute seule devant le jukebox en tenant haut sa coupe de champagne, comme un flambeau.

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14. Toucher la chose

Sur la route qui nous éloigne de Mobile, je demande à Cammy de me parler de Stendhal. Cammy a surtout lu ses écrits intimes, son Journal, ses récits de voyages en France. C’est un aspect de l’écrivain que je ne connais pas du tout. Ce Stendhal, Henri Beyle de son vrai nom m’apprend Cammy, était un sacré queutard.

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13. Mobile, ville spéculaire

On arrive à Mobile. On flâne un peu, Cammy prend quelques photos des rues, je le regarde faire. A un moment, il me dit comme ça qu’il a quelque chose à régler dans le coin. Ok. « Mais seul ». Si ça ne me dérange pas, il ajoute. « No problemo », je lui réponds. Mais je me demande bien ce qu’il a soudain à foutre de si important dans une ville qu’il ne connait pas, si loin de chez lui. Va savoir, et n’importe comment ce ne sont pas mes affaires.

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